
L’accessoire et l’essentiel
Varozza s’avance masqué.
Nous parlons, cela va sans dire, de son propos, d’une démarche artistique qui ne s’énonce que dans la mise à distance. Ici, tout s’avoue et se dérobe pour mieux troubler le regard et la raison. La peinture, Cosa mentale comme il se doit, se veut laboratoire de pensée(s). Le dessin, la couleur indissociablement liés dans la volonté de structurer un nouvel espace, d’habiter le cadre, de le penser dans sa vibration même, telle une séquence sans cesse remise en question.
L’illusion, l’allusion, le mouvement, la vie, une apparente légèreté, une fluidité ambiguë. Graines d’espace… Le tableau devient ainsi le lieu d’un projet rhizomique où forme, sens, couleur s’affrontent, s’équilibrent, se répondent non dans un ordonnancement convenu, prévisible, compassé, mais dans une logique aérienne, luxuriante, foisonnante, vibrionnante, adventive.
Secrète aussi. Une oeuvre où l’entrelacs contraint la représentation à n’exister que dans le mouvement sans cesse renouvelé de la ligne. Si pour Varozza (il le dit, l’écrit, l’affirme) la peinture constitue “un objet philosophique”, l’exposition de la Villa Tamaris permet de mettre au clair sa dimension paradoxalement adventice. La peinture de Varozza ne se conçoit en effet que dans un rapport privilégié aux sens, dans une apparente spontanéité où l’ornement, l’ajout, l’accessoire et l’incident, deviennent essentiels.
Une appréhension de l’espace où chaque élément se découvre dans une position singulière relevant d’une expérience visuelle (souvent ironique) qui peut s’apparenter à une autobiographie rêvée. Le geste se confond désormais avec la mémoire inconstante des regards dans la quête incessante de la captation de l’éphémère.
Robert Bonaccorsi, Avril 2013